Marketing politico-territorial dans l’espace public et dans la politique du logement social
L’exemple de le révolution bolivarienne

15 novembre 2021

Ouvrage : Habiter les villes latino-américaines, Débats, réflexions et enjeux de la recherche urbaine

Éditeur : L’Harmattan

Collection : Habitat et sociétés

Sous la direction de : Xenia Fuster-FarFan, Darysleida Sosa Valdez et Yaneira Willson Wertter

Date de parution : 15 novembre 2021

Résumé

De Hugo Chavez à la gouvernance actuelle de Nicolas Maduro, le Venezuela a engagé depuis 1999 un ensemble de réformes qui, à partir de 2006 visent la création d’un « socialisme du XXIe siècle », fondé sur un « socialisme réel » incarné par « l’homme nouveau », symbole de la Révolution bolivarienne. En 2021, le pays profondément transformé subit une très grave crise généralisée, en raison de la chute des cours de pétrole sur lesquels repose l’économie [[Le Venezuela (916 445 km2) présente une surface une fois et demie supérieure à celle de la France pour 31 millions d’habitants. Il dispose des réserves de pétrole les plus importantes du monde, très proches de celles de l’Arabie Saoudite, et d’un climat que l’on appelle couramment « le printemps éternel » dans les villes en altitude comme Caracas (autour de 1000m sous les tropiques).]. L’inflation explose et le PIB diminue de moitié entre 2013 et 2018. Depuis 2015, 5,6 millions des 30 millions d’habitants, ont émigré, selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés . Le pays a vu ses anciennes politiques publiques démantelées au profit de nouveaux dispositifs, les « Missions » qui, de l’agriculture au logement en passant par l’éducation et la santé, développent des programmes de lutte contre la pauvreté pour répondre à l’urgence sociale, et remédier aux lenteurs administratives et à l’absence de réponse de la part des gouvernements précédents. La plus importante de ces « Missions » , la Gran Mision Vivienda Venezuela (GMVV), lancée en 2011, fixait la construction massive sur tout le territoire de 3 millions de logements en dix ans, soit 300 000 logements chaque année, sur un parc immobilier national évalué à l’époque à 8,2 millions de logements. En 2018, l’objectif a été encore revu à la hausse avec 5 millions de logements à construire d’ici 2025. En outre, cette Mission ‒ comme les autres ‒ est basée sur une démarche dite démocratique et participative par la mise en place d’un nouveau « Pouvoir populaire » qui promeut le « peuple » comme exécutant principal, et dont le but mis sur la constitution par les habitants de formes d’autogouvernements communautaires, appelés les conseils communaux et les « communes ».

Cet article analyse cette politique de logement productiviste, dont la particularité est de mobiliser une esthétique singulière et un « marketing politique » qui véhicule des symboles idéologiques visibles sur le terrain. L’exploitation graphique des yeux de Chávez et de sa signature marque fortement le paysage urbain au Venezuela. Ces images sont visibles dans l’espace public de Caracas, mais aussi dans les quartiers de la GMVV : sur les façades des immeubles, dans les appartements, dans les escaliers…Nous constatons que la politique d’État génère un nombre important d’images dans l’espace public, dans le monde virtuel, mais aussi dans les logements mêmes des habitants des quartiers de la GMVV. La politique se nourrit de cette profusion d’images et cela la consolide dans des espaces qui sont très significatifs.

ES

El artículo de Wilson Wetter propone un análisis de la política habitacional productivista en Venezuela, cuya particularidad es movilizar una estética singular y un “marketing político y territorial” que transmite símbolos ideológicos visibles sobre el territorio. A través de un enfoque social y urbano, la autora muestra en un primer grado cómo esta producción de viviendas moviliza una serie de representaciones que generan ambivalencias en la percepción de los habitantes. Y en un segundo grado, muestra cómo estas imágenes traducen la construcción de una relación más estrecha de reciprocidad y de dependencia entre el Estado y los beneficiarios.

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