Résumé
La planète s’urbanise de façon galopante : si les urbains n’étaient que 2% en 1800, 50% en 2010, ils seront certainement 60% en 2030. En 1960, il y avait deux mégapoles de plus de 10 millions d’habitants (New York et Tokyo), en 2030 il y en aura 41 dont plus de la moitié en Asie. Parallèlement à la mondialisation, dont les espaces se contractent et rapprochent, dont le temps s’accélère et éloigne, de nouveaux schémas, de nouvelles stratégies, de nouveaux modes de gestion de l’urbain apparaissent. Comment rendre intelligibles, pertinents et efficaces ces différents modèles de la ville contemporaine ? Sommes-nous véritablement en train de bâtir un seul et même monde global, partout et pour tous ?
Cette urbanisation effrénée a en effet son revers : aujourd’hui, près d’une personne sur sept, la moitié des habitants des villes en développement, vit de façon précaire dans un habitat informel ou spontané. Quelles leçons en tirer ? Les cultures locales, avec leurs propres conceptions, pratiques et représentations de l’espace, remettent souvent en question les modèles globaux, portés par des mouvements économiques, politiques et médiatiques puissants, modèles dont beaucoup restent encore axés sur la fonctionnalité et l’esthétisme au détriment de l’usage ou de l’expérience.
Nous sommes certes devenus plus attentifs à l’intégration, au respect du contexte ou au développement durable, nous réalisons que le lien social nécessite aussi du lien spatial, que tout projet impose de tisser des relations pour insuffler de la qualité urbaine là où elle fait défaut. Mais est-ce suffisant ? Face au temps-horloge de la globalisation, homogène et mesurable, face à l’urbanisation unificatrice et réductrice de l’architecture internationale, face au brouhaha mercantile et à l’agitation arrogante, quels sont les outils de l’architecte et de l’urbaniste pour au contraire ralentir, promouvoir la pluralité, la flexibilité et retrouver l’humilité nécessaire pour construire des mondes et murmurer l’architecture ?
A partir de ces questions, il s’agira lors de cette journée d’études intitulée "Construire des mondes, Murmurer l’architecture" - organisée dans le cadre du séminaire de Master de l’ENSAPVS "Cultures locales, culture globale en architecture et en urbanisme" - de faire dialoguer chercheurs et/ ou praticiens selon 3 thématiques :
10h-13h : Cultures urbaines, modèles et représentation de l’architecture
présentation Léo Legendre - modération Caroline Rozenholc
Louisette Rasoloniaina (architecte, doctorante EVCAU)
Echo-système swahili
Yaneira Wilson (architecte, doctorante CRH)
Représentation de la ville dans le « socialisme du XXIème siècle » au Venezuela
Orfina Fatigato (architecte, PhD, GERPHAU, DiARC-UNINA et ENSAPM)
Naples traversée : de la ville cachée à la ville surexposée ? Réflexions autour du territoire expérientiel
14h-16h : Tisser les citoyennetés, aménager le Grand Paris
présentation Nabil Beyhum - modération Jean-Yves Chapuis, architecte-urbaniste, élu, et Marlène Ghorayeb, architecte-urbaniste, HDR, enseignante à l’ESA
Fouad Awada (architecte, docteur en urbanisme, directeur de l’IAU-IDF)
Grand Paris, grands projets, citoyenneté
Patrick Céleste (architecte-urbaniste, ENSAPM)
La déglingue et l’à peu près, ou les acteurs de l’amènagement du Grand Paris
17h -20h : Champs d’innovation et migration des modèles architecturaux
présentation Nabil Beyhum - modération Caroline Rozenholc et Léo Legendre
Youssef Tohmé (architecte)
Bordeaux - Beyrouth, l’architecture en liberté
Lina Gotmé (architecte)
Le Musée National Estonien : exploration culturelle pour une pratique professionnelle novatrice
Hala Wardé (architecte)
Le Louvre d’Abu Dhabi : traitement des éléments, utilisation des codes, exploitation d’une géographie singulière