Modiano, la trace et le territoire
Libération 2 octobre 2019

23 décembre 2019

Date de parution : 2 octobre 2019

Éditeur : Journal Libération

Référence HAL-SHS :

Résumé

(...) On ne se souvient jamais seul », écrivait Maurice Halbwachs, le sociologue des cadres sociaux de la mémoire. Le souvenir n’est possible, contrairement au rêve, que s’il revêt un caractère de vraisemblance susceptible d’être validé par tout un chacun, ou du moins par des personnes du milieu auquel on appartient. Le « je me souviens » de Georges Perec n’existe que parce qu’il est le propre de toute une génération.

Alors, ne peut-on pas lire Encre sympathique comme une tentative d’arracher le souvenir à l’espace irréel et somnambulique du rêve ? Il y aurait alors deux façons de ne pas mourir : d’abord consigner, en s’efforçant de se conformer à la chronologie des faits, ces détails d’une existence prête à tout moment à basculer dans le néant et sur le bord duquel seule l’écriture parvient à les retenir. Ensuite raconter, se raconter, mais en présence d’un autre qui vous écoute. C’est avec une douceur un peu triste que, dans les dernières pages, Noëlle Lefebvre découvre la nécessité - et le courage - de parcourir sa vie rétrospectivement. Ainsi, « demain, elle lui expliquerait tout » (p. 137). (...)

https://next.liberation.fr/livres/2019/10/02/modiano-la-trace-et-le-territoire_1755018

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