Urbanisme
Gaston Bardet, théoricien de l’urbanisme « culturaliste »

2 mai 2001

Date de parution : 2001

Éditeur : Urbanisme

Pages : pp. 32-36

Domaines : Urbanisme

Résumé

Gaston Bardet (Vichy, 1907-1989) architecte-urbaniste et principal théoricien de l’urbanisme dit « culturaliste », partage avec d’autres penseurs de la ville comme Maurice Halbwachs, René Maunier, Édouard Fuster ou Augustin Rey —pour ne citer que quelques-uns des initiateurs de l’urbanisme— le triste privilège non seulement d’être tombé dans l’oubli, mais surtout d’avoir pâti du discrédit que la technostructure triomphante des Trente Glorieuses et les doctrinaires du Mouvement moderne ont jeté sur ses œuvres, faute de les avoir comprises et même souvent de les avoir lues.

Plutôt que Polytechnique, que son père, architecte à Vichy, lui suggérait de faire après son année de maths-spé, Bardet fît de brillantes études d’architecture à l’ENSBA (atelier Pontremoli) puisqu’il obtînt 9 médailles et 2 prix américains. Ce fut en cheminant des Buttes Chaumont, où il habitait, vers le quai Malaquais, qu’il découvre en 1928 une affichette présentant les programmes de l’Institut d’Urbanisme de l’Université de Paris, alors sis en Sorbonne. Insatisfait des enseignements de Pontremoli et considérant que l’Ecole des Beaux-Arts manquait singulièrement de culture, il décide de suivre les cours d’urbanisme offerts par l’Université. Il y soutiendra le 25 juin 1932, devant un jury composé de Marcel Poëte, son directeur de recherche, William Oualid, Edouard Fuster, et Louis Bonnier, une thèse remarquable sur la Rome de Mussolini qui lui valut d’être premier Lauréat de l’Institut de France et de l’Institut d’Urbanisme. En 1935, il devient chef de l’agence d’architecture de l’Exposition Internationale des Arts et Techniques de 1937, organisée sous les auspices de Jacques Gréber, dont il a suivi les enseignements à l’IUUP. Sollicité à l’issue de ce travail par des étudiants comme Auzelle, Millet et Dufournet pour contrebalancer les cours théoriques par des activités pratiques, il s’engage dans l’enseignement en fondant en 1937 l’Atelier Supérieur d’Urbanisme Appliqué dont la guerre interrompra les activités. Il persistera cependant dans l’enseignement en contribuant à la création de l’Institut d’Urbanisme de l’Université d’Alger dont il fit la leçon inaugurale à la rentrée 1945 et y enseignera jusqu’en 1958, puis en fondant en 1947 l’Institut Supérieur d’Urbanisme Appliqué de Bruxelles (devenu l’ISURU) où il enseignera jusqu’en 1974. Répondant au souhait de Marcel désirant faire de lui son héritier spirituel —après en avoir fait son gendre—, Bardet présentera le 23 mars 1947 un travail sur l’histoire urbaine de Paris qui lui valut d’être diplômé de l’Ecole Pratique.
Théoricien de l’urbanisme, sa production littéraire fut abondante. Praticien, il n’eut que peu la possibilité de donner toute la mesure de son talent, sauf à l’occasion de ses contributions à la planification des villes de Constantine, Philippeville et Oran en Algérie, Louviers et surtout Le Rheu en France. Appelé à faire de nombreuses tournées de conférences, notamment au Brésil et surtout en Argentine, il n’eut de cesse de dénoncer les méfaits d’une modernité architecturale extrapolée à la planification urbaine selon des schémas fonctionnalistes, et il se disait plus volontiers urbaniste qu’architecte.

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