Soutenance de thèse Aurélien RAMOS - 7 décembre 2021 9h30 ENSA Paris Val-de-Seine
Faire jardiner sans jardin. Mécanismes et limites des dispositifs municipaux de jardinage tactique dans la rue

7 décembre 2021

Directrice de thèse : Martine Bouchier

Date et heure de soutenance : mardi 7 décembre 2021 - 9h30

Lieu de soutenance : salle 701 - ENSA Paris Val-de-Seine, 3, Quai Panhard et Levassor, 75013 Paris

Discipline : Aménagement et urbanisme

Université, école doctorale : Université Paris Nanterre ED 395

Jury : Laurence Baudelet-Stelmacher, ethno-urbaniste et coordinatrice de projet Graine de Jardins ; Martine Bouchier, professeure émérite, ENSAPVS - Université Paris-Nanterre (directrice de thèse) ; Patrick Moquay, professeur, ENSP (rapporteur) ; Monique Poulot, professeure, Université Paris-Nanterre ; Antonella Tufano, professeure, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (rapportrice) ; Joëlle Zask, maîtresse de conférence HDR, Université d’Aix-Marseille

Titre de la thèse :

Faire jardiner sans jardin. Mécanismes et limites des dispositifs municipaux de jardinage tactique dans la rue

Pour suivre la soutenance en direct : https://youtu.be/uvi6p2Z9jiA

La thèse interroge la volonté des municipalités françaises de faire jardiner les citadins sans pour autant créer de jardin, dans le cadre de politiques urbaines alternatives.

Depuis le milieu du XIXe siècle, la pratique du jardinage n’a cessé de faire l’objet de prises en charge. Faire jardiner apparaît comme un moyen d’agir sur le comportement des individus en intervenant sur leurs modes de subsistance et d’habiter, sur leur espace privé et sur leur temps libre mais également sur leur place dans la société. Si, des jardins ouvriers jusqu’aux jardins partagés, l’accompagnement, l’encadrement voire l’incitation à la pratique du jardinage sont restés associés à l’espace du jardin, depuis les années 2000 apparaissent en France des dispositifs municipaux visant à susciter chez les citadins le désir de jardiner en dehors du jardin, dans la rue.

Cette recherche repose sur l’étude d’une vingtaine de ces dispositifs et sur l’expérience de l’accompagnement à la mise en place d’un projet de rue-jardin pour la Ville de Bordeaux, en tant que paysagiste au sein du collectif Friche and Cheap, entre 2011 et 2016.

Elle interroge comment la dissociation entre le jardinage et le jardin, le geste et l’objet, la pratique et le lieu constitue aujourd’hui un enjeu d’aménagement des espaces publics urbains.

La thèse montre que la prise en charge du jardinage dans le champ de la fabrication de la ville est une institutionnalisation de pratiques d’activisme urbain converties en instruments de gouvernance tactique. La normalisation de ces pratiques amateurs et informelles cherche à renouveler les méthodes habituelles de la participation en ne visant plus seulement à faire décider mais également à faire faire les citadins. Pour autant, l’institutionnalisation du jardinage tactique ne conduit ni à son absorption dans une stratégie urbaine ni à la remise en question des manières de fabriquer la ville. La condition de son assimilation dans le processus urbain est le maintien de son caractère transitoire, subsidiaire et alternatif.

Mots-clés : jardinage urbain ; politiques publiques ; fabrique de la ville ; pratiques informelles ; institutionnalisation ; urbanisme tactique.

How to make people garden without a garden : mechanism of a limits of the street tactical gardening urban public programmes

Summary

This research questions the development of urban public policies in French cities focused on making citizen gardening without creating a garden.Since the mid-19th century, gardening has continuously been the subject to management. Make gardening appears as a mean to impact people’s behavior. It’s a way to intervene in people’s livelihood and living conditions, in private sphere and free time, but also in people’s place in society. From allotment to community gardens, the support, the management and the incitement to gardening has always been associated to the space of the garden. But since the 2000s, French municipalities develop programmes which aim to create desire of gardening among citizens outside gardens, in the urban public spaces. Drawing upon a study of 20 of those programmes, and the professional experience as landscape architect for a project of garden-street in Bordeaux, this research questions how the dissociation between gardening and the garden, the gesture and the object, the practice and the place may be an issue for urban public space development. The thesis want to show that institutionalization of gardening as a way of producing space is based on a pattern inspired by urban activism practices transformed into tactical governance instruments. The normalization and professionalization of the “urban gardeners” engineering contribute to overcome the classical citizen participatory processes in being geared not only towards making citizen decide but towards making them do. The aim is to reveal the paradox of the current consensus on urban gardening as good practice and its constant position as an always and only transitory, subsidiary and alternative solution. This is the condition of its assimilation in the urban production process.

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