Directrice de thèse : Agnès Deboulet
Co-directrice : Armelle Choplin
Année d’inscription : Octobre 2015
Université : Paris 8 Vincennes - Saint-Denis
Ecole doctorale : ED 401
Qu’ils soient considérés comme climatiques, environnementaux, industriels ou sociaux, les risques sont de plus en plus appréhendés dans la recherche en sciences sociales comme des faits sociaux à part entière, produits et mobilisés par différents acteurs. En ville notamment, et principalement dans les quartiers informels des pays du Sud, les menaces liées aux inondations, à l’écroulement de bâtiments ou à l’éviction de populations apparaissent ainsi directement liés aux modes d’urbanisation et de gestion de la ville. Les politiques associées à la gestion de la menace apparaissent ainsi indissociables de l’aménagement du territoire et de la production de normes spatiales et sociales.
Dans les banlieues de Dakar et d’Accra, différents mouvements d’habitants se sont constitués en vue notamment d’apporter des réponses à ces risques urbains au sein de leurs quartiers. L’enjeu pour certains de ces mouvements est ainsi de s’ériger en tant qu’acteurs de l’urbanisme de leurs quartiers, en se confrontant aux producteurs de normes et de politiques urbaines, qu’il s’agisse de l’Etat, des porteurs de projets comme les ONG ou des grands institutions internationales (UN-Habitat, Banque Mondiale…). C’est ici un rapport de force entre différents acteurs qui se met en place autour de la définition du risque et des moyens d’y parer, lesquels engagent une vision située de l’organisation de la ville et de la production de l’espace. A cheval entre un ancrage local fort et une insertion dans différents réseaux transnationaux (financements auprès de bailleurs internationaux, insertion dans des organisations transnationales…), ces mouvements apparaissent par ailleurs contribuer à un processus de mondialisation des formes d’urbanisme critique ou subalterne.
Mes deux terrains de recherche sur des fédérations d’habitants agissant dans les quartiers informels de Dakar et d’Accra et liés à un réseau mondial, Slum Dwellers International, me permettent donc de porter un regard sur plusieurs éléments. Il s’agit d’une part d’interroger l’ancrage de ces mouvements dans une expérience habitante de la menace, leur émergence dans des contextes physiques et sociaux urbains particuliers, et la manière dont les différents acteurs de la ville agissent sur le risque et politisent ainsi l’espace urbain. Il s’agit d’autre part de porter un regard sur les dynamiques de circulation et de globalisation des risques et des registres de mobilisation dans l’espace urbain qui y sont associés, en vue de contribuer à une sociologie de la mondialisation « par le bas ».