Résumé
Nous proposons une démarche comparative internationale permettant de soumettre au même questionnement des quartiers concernés par des changements dont, par hypothèse, les causes sont comparables (mondialisation, métropolisation, transformation des gouvernances nationales et locales), mais aussi les conséquences en termes d’effets sociaux et de prise sur le changement. Les relations entre résilience et résistance dans ces quatre quartiers urbains centraux européens seront étudiées en partant des pratiques des habitants et des usagers, dont nous estimons qu’elles relèvent moins des logiques traditionnelles du « quartier tremplin » que de l’existence de sphères d’appartenance et d’usages qui se conjuguent bien au-delà du quartier, et peuvent être qualifiées de« socio sphères », et être saisies au moyen de la notion de « scènes » . L’analyse s’appuiera sur des entretiens portant sur les parcours de vie de personnes et de familles habitant dans le quartier au moment de l’enquête, et particulièrement celles qui luttent pour s’y maintenir en développant des stratégies résidentielles (selon des logiques familiales, amicales, professionnelles), ainsi qu’auprès de personnes et de familles dont la présence dans l’espace public et leur attachement au territoire (manifesté par leurs activités et leurs pratiques de certains lieux) expriment et ancrent leur volonté d’y avoir un recours libre. L’objectif de « rester en ville » constitue donc le pivot des investigations croisées sur 4 quartiers centraux de grandes villes européennes : Paris, Bruxelles Lisbonne et Vienne. Ces entretiens, au nombre de 240 (60 par site), seront complétés par des observations situées, portant sur des lieux faisant système dans la mesure où ils offrent des prises à la résistance/résilience. Les « systèmes de lieux » ainsi dessinés se conjuguent avec des « systèmes de liens » permettant de qualifier l’hospitalité du quartier d’accueil, ses aménités, et la possibilité pour certains ménages pauvres de rester en centre-ville, malgré, et peut être à cause, de la métropolisation.