Résumé :
Dans un ouvrage sur la performativité des discours sur l’urbain, ce chapitre revient sur une recherche conduite dans le quartier de Florentine entre 2005 et 2008 ; un quartier qui, comme d’autres quartiers périphériques de Tel-Aviv, constituent en quelque sorte « l’envers » de cette ville aujourd’hui mondialement reconnue pour son architecture et son urbanisme dits modernes. Des éléments de terrain (entretiens avec les acteurs du lieu, observations, travail en archives, implication dans les associations locales) permettent d’abord de retracer les grandes étapes géo-historiques de ce quartier, puis d’identifier les mises en récit dont il a fait l’objet et enfin de comprendre quels ont été les effets matériels et symboliques de ces dernières sur la production de Florentine comme « lieu ». Six récits ont ainsi été identifiés : celui, fluctuant, de la municipalité (1), des médias (2), celui de la mise en tourisme du quartier (3), celui des entretiens (4) mais également celui construit par les nombreux graffitis que les habitants déposent sur les murs du quartier (5). Dernière mise en récit analysée ici : celle produite par le chercheur lui-même lorsqu’il construit son objet d’étude en retraçant la chronologie des transformations successive du quartier mise en regard des dates ou moments-clefs de la ville ou lorsqu’il suscite des récits d’habitants dans la conduite des entretiens. En mettant en relation différents registres de sens et différents éléments de terrain pour construire un objet de recherche, il participe en effet, lui aussi, à la fabrication des lieux de la ville !