Mahamadou Cissoko , Claire Lévy-Vroelant (dir.)

Les relations afro-maghrébines du foyer au quartier, la fraternité islamique à l’épreuve du quotidien

Discipline : Sociologie

Année d’inscription : 2012

École doctorale : Université Paris 8

Résumé

C’est dans la réalité sociale des échanges quotidiens que j’étudie les rapports qu’entretiennent entre eux les groupes composant les « immigrés afro-maghrébins de France » et les « immigrés afro-maghrébins du Canada » (dans le cas où la cotutelle est définitivement établie [1]). Le « clivage d’esclavage » et ses représentations associées à la couleur de peau (noire) ont pu créer un écart dans la vie sociale entre le groupe maghrébin et le groupe subsaharien. Leur effet se fait ressentir dans chaque société où se trouvent les deux groupes. Cette disqualification sociale a pu affecter les liens matrimoniaux pour des raisons souvent liées à la couleur noire (et à la couleur blanche) disqualification qui fait revivre le souvenir de l’esclavage pour les Noirs chez les Arabes, ce qui explique que l’arabité soit associée à des représentations négatives chez nombre de Subsahariens aujourd’hui.

De façon plus précise, le travail de thèse explore les logiques à l’œuvre dans les relations ordinaires entre Subsahariens et Magrébins, en France et au Canada. Les Subsahariens et les Maghrébins, s’ils sont plus ou moins confondus dans les représentations de la société d’accueil (vaste ensemble indistinct « immigrés ») entretiennent, au-delà de l’Islam qui les concerne très généralement, des rapports qui ne sont pas seulement fraternels. On peut même avancer que des formes de discrimination les opposent, sans compter les distinctions opérées au sein-même de chaque groupe. C’est une discrimination dont la couleur de peau, les rapports sociaux esclavagistes, mais aussi des rapports différenciés à l’Islam, sont par hypothèse les principaux facteurs explicatifs.

Au vu de ce qui précède, mon analyse repose sur les logiques à l’œuvre dans les relations sociales entre immigrés d’origine africaine (Subsahariens et Maghrébins) qui doivent être saisies finement, en contexte.

La première partie de la thèse abord l’éthnicisation et la racialisation des deux groupes. La deuxième partie, analyse les facteurs et les raisons des pratiques de cohésion et d’alliance. La troisième partie étudie les facteurs et les raisons des pratiques d’exclusion. Et enfin, la une dernière partie plus analytique identifie et confronte les lignes de fracture de la « fraternité islamique » à l’épreuve de la racialisation.

A partir des foyers de travailleurs migrants, je souhaite faire des enquêtes dans les quartiers populaires d’Ile-de-France et d’Ottawa ainsi que dans les Universités. Les associations culturelles africaines et maghrébines, les centres sociaux, les lieux ordinaires de la ville (marchés, cafés) seront aussi des lieux privilégiés de mes enquêtes. Un guide d’entretien a été mis au point qui laisse beaucoup de marge à l’expression de type récits de vie. La démarche de recherche est également fondée sur l’observation participante.

Mots-clés :immigration, Maghrébins, Subsahariens, stigmate, discrimination, Islam, sociabilité, fraternité

[1L’intérêt d’un travail conjoint avec le Canada réside dans le contexte d’immigration d’une importante communauté africaine, et de la présence d’un spécialiste de la question, Philippe COUTON, qui, sur notre sollicitation, a accepté de me suivre en cotutelle.