Résumé de thèse
Le domaine du BTP comporte les deux sous-secteurs : « Bâtiment » et « travaux publics » se déclinant chacun en opérations de natures différentes (construction, réhabilitation, déconstruction). Aujourd’hui, bâtiments et travaux publics occupent une place essentielle dans l’économie française : un chiffre d’affaire de l’ordre de 162 milliard d’euros en 2016 (ADEME, 2018). En France, les notions de source, consommation et ressource suscitent la controverse. D’un côté, de nombreuses études considèrent la production massive de logements comme une solution pour faire la ville sur la ville (Touati &Crozy, 2015). De l’autre, différents chercheurs révèlent la nécessité de limiter la production et avoir recours au réemploi et la réutilisation pour protéger l’environnement et opter pour une « transition plus juste » (Lavelle, 2015).
Ce contexte de tensions ou contradictions entre deux objectifs qui pourraient s’articuler est ainsi révélateur d’un territoire à enjeux, d’autant plus que la question des ressources naturelles et du modèle économique qui en découle est aujourd’hui inscrite à l’agenda politique. Dans ce contexte, les pratiques architecturales et urbaines concernant les déchets du BTP et, plus largement, les techniques de réemploi des matériaux de construction et de reconstruction sont amenées à muter, à être remodelées au prisme de la transition écologique, de la faisabilité opérationnelle et de l’efficacité économique. Si la valorisation des déchets du BTP s’impose comme un défi politique à relever et un champ de recherche en plein essor, elle pose néanmoins de nombreuses questions. Majoritairement pensés sous l’angle de l’urgence écologique et de la nécessité économique, les "déchets-ressources" posent aussi la question de la faisabilité organisationnelle, règlementaire, économique et architecturale du processus de réemploi et ses temporalités (les temps de réflexion, d’analyse, de mise en œuvre, de visibilité, de mémorisation de l’action et de transmission du savoir) qui apparaît de fait nécessaire à étudier.
L’objectif de cette recherche est de considérer la valorisation des déchets par le réemploi des matériaux comme un processus global et non pas seulement comme un projet architectural. Il s’agit de définir le parcours que développerait un architecte dans sa recherche de projets négociés entre transition écologique, faisabilité opérationnelle et pérennité de la démarche. Ce parcours sera le résultat d’une immersion à la fois dans la pratique architecturale (agence d’architecture), dans le milieu de la recherche (laboratoire) et dans le milieu pédagogique (enseignement, observation, pédagogie). In fine, à l’issue positive de ce travail, les acteurs du projet architectural devraient disposer de méthodes et outils éprouvés en situation concrète pour contribuer à la mutation et la mutualisation des pratiques opérationnelles à l’ère des nécessités du processus de valorisation des déchets du BTP et du réemploi des matériaux.