La condition passante, vers une phénoménologie du passage à travers le récit d’expériences architecturales et paysagères

2 mai 2022

Directeur de thèse : Clara Sandrini, Manuel Bello Marcano

Discipline : Architecture

Année d’inscription : 2017 (2020 au CRH-LAVUE)

Financement : CIFRE (Convention Industrielle de Formation par la Recherche)

Université, école doctorale : Université Paris Ouest Nanterre La Défense, ED 395 « Espaces, Temps, Cultures »

Résumé de thèse

La condition passante, vers une phénoménologie du passage à travers le récit d’expériences architecturales et paysagères
Les pratiques actuelles de l’architecture s’inscrivent dans un changement de paradigme sociétal, que certains résumeraient par anthropocène et qui bouleverse nos représentations du monde et la pensée simplificatrice . Dans ce contexte, et au-delà de l’exercice de la profession, on peut souligner la difficulté à définir un processus complexe, multiple, qui transforme la fabrication technique d’un objet en un monde de perceptions. La discipline architecturale, par son caractère hétérogène et polymorphe, nous invite à « multiplier les points de vue sur elle » pour en faire émerger du sens.
Pour comprendre l’architecture comme processus complexe d’organisation du monde, la notion de passage, en particulier, apparaît, par sa richesse de sens, permettre l’ambiguïté. À la fois mouvement, action de passer, temps vécu, espace de friction, seuil, changement d’état et devenir, sa polysémie admet une complexité que nous chercherons à développer. Loin des principes simplificateurs, qui peuvent « rendre aveugle » au réel , le passage procède d’un mouvement dialogique dans lequel les phénomènes se distinguent mais ne sont pas disjoints et se joignent sans être réduits. Nous pouvons d’ores et déjà dire que le passage constitue une forme de complexité.
Comment constituer un concept de passage opérant pour le système de pensée qu’est l’architecture ? En quoi le concept de passage serait-il une condition d’architecture ? Le passage serait alors un système de pensée, qui infuse toutes les vies de l’objet architectural, les pratiques et les actions sur cet objet.
Comment fabriquer et rendre opératoire ce concept ? Nous proposons d’explorer la notion de passage à travers cinq figures : le seuil, la marge, la ritournelle, la traversée et l’archipel. Le développement théorique du concept est éprouvé dans une démarche de recherche-création qui opère par une action située, la mise en récit d’expériences architecturales. Le réel est ainsi mis à l’épreuve du récit pour déceler des situations de passage. Cette approche s’appuie sur la phénoménologie , comme mode de connaissance sur le monde, et sur la mise en récit pour interroger l’infra-ordinaire , la sous-jacence du quotidien afin de découvrir, au détour de la description, de nouvelles manières de nommer la condition passante.
En immersion dans une agence d’architecture (en CIFRE), nous nous intéresserons à la fois au processus de projet en cours et à la perception spatiale de l’objet architectural ou urbain. Le protocole repose sur une observation lente et répétée, attentive aux micro-événements, détails, inflexions qui par l’écriture et la réécriture fait émerger la réflexion. L’accumulation des descriptions fabrique un canevas de récits multiples, racontant des situations où le concept de Passage puisse être opérant.