L’image dans la structuration de l’expérience sensible
Territoires esthétiques - Mercredi 21 mars 2018

21 mars 2018

Lieu : ENSAPVS, 3-15 quai Panhard et levassor, 75013 Paris
Laboratoire de Recherche sur l’Habitat (CRH)

Horaires : 9h30 - 12h30- Salle 705

Organisateurs : L’équipe Terest - Territoires esthétiques

Martine Bouchier
L’image dans la structuration de l’expérience sensible

Référence HAL-SHS :

L’image dans la structuration de l’expérience sensible par Arnaud François

Invité : Pierre- Damien Huyghe

Le fait que l’image structure l’expérience sensible fait aujourd’hui, pour ainsi dire, partie du sens commun. De nombreux ouvrages traitent de ce sujet, à commencer par le célèbre Perspective comme forme symbolique (1927) d’Erwin Panofsky. Plus récemment dans Court traité du paysage (1997) Alain Roger a forgé le concept d’« artialisation » pour étendre cette problématique à la peinture dans sa manière de structurer le paysage. Dans Pour comprendre les médias (1964), Marshall Mc Luhan a élargi ce domaine d’influence aux images électroniques considérées en tant qu’extension de la perception et de la conscience, ouvrant ce domaine d’investigation à l’ensemble des médias technologiques contemporains.

Ce séminaire propose de revenir sur ces questions en concentrant l’attention sur les « images énergétiques » dans leur manière de structurer l’expérience sensible depuis le début du XXe siècle. Par « images énergétiques », j’entends l’ensemble des images lumineuses, sonores, dynamiques et diaphanes ; comme le cinéma muet puis sonore, la télévision et la vidéo. L’hypothèse est que ces images ont une puissance d’action historiquement incomparable dans la mesure où elles sont autant visuelles que sonores, donc agissent sur les deux facultés sensorielles dominantes. De plus, leur dynamisme met en relief autant le mouvement du regard que l’expression des corps. Enfin, leur pouvoir de persuasion provient sûrement du dispositif de projection lumineuse dont l’univers diaphane, bien que provenant du réel et de la vie, est plus proche de l’image du rêve que des corps pesants de la réalité physique. Il faudrait pouvoir retourner à la fin des années 1920 pour ressentir comment, d’elle-même, l’expérience du cinéma sonore a reconfiguré le rapport à la vie en rejetant l’univers du cinéma muet dans la sphère des représentations oniriques. De même, l’irruption du direct de la télévision a incité à déconstruire le langage du cinéma sonore jugé rapidement trop classique et linéaire. Ou encore, l’invention de la vidéo qui, en permettant à chacun de construire son propre récit en image, s’est encore approché un peu plus de l’expérience directe de la vie, en mesure de laquelle le direct de la télévision devient un spectacle du pouvoir médiatique. A l’aube du XXe siècle, l’invention des images énergétiques a bouleversé le rapport entre la réalité et la vie mêmes et le monde des images. Ce qui va se retrouver en architecture où le rapport entre l’expérience directe de l’édifice et sa représentation en image a toujours posé un problème, à contrario du paysage qui a constamment considéré l’image comme un moyen de structurer son art.

Afin de rendre patente cette histoire subtile de la structuration l’expérience sensible par les images énergétiques, un débat sera engagé à partir de ces questionnements sur l’expérience sensible dont le langage évolue au gré de l’invention des nouvelle images énergétiques.

Arnaud François est architecte praticien, docteur en cinéma et maître-assistant à l’ENSA Normandie en « géographie et paysage ». Ses recherches portent sur la structuration de l’expérience sensible et de l’imagination par les « images énergétiques » : cinéma, télévision, vidéo et image informatique. Ce néologisme a été forgé afin de clairement distinguer ce genre d’image lumineuse, sonore, dynamique et diaphane des images strictement visuelles et fixes. Ouvrage récemment publié : Enquêtes sur l’imagination architecturale – de l’opéra au cinéma sonore (2017)

Publications :
—  2017 - A. François, Enquêtes sur l’imagination architecturale, de l’opéra au cinéma sonore, Paris, Ed. L’Harmattan, 2017
—  2013 - A. François, « Les photographies du voyage d’Orient et le chemin vers l’abstraction architecturale » dans L’invention d’un architecte - Le voyage en Orient de Le Corbusier, Paris, Ed. de la Villette et Fondation Le Corbusier.
—  2012 - A. François, « La matière des cartes postales », dans Le Corbusier – Visions d’Alger, Paris, Ed. de la Villette et Fondation Le Corbusier.
—  2012 - A. François, « Lieu physique et images virtuelles », dans Comment le contemporain ? Les Cahiers de l’ENSA Normandie Recherche, Rouen, Ed. Point de vues.

Pierre-Damien Huyghe (http://pierredamienhuyghe.fr/) est philosophe, professeur à l’Université Paris 1-Panthéon-Sorbonne [Architecture, arts appliqués, arts plastiques, arts du spectacle, épistémologie des enseignements art., esthétique, musicologie, musique, sciences de l’art). Nombreux entretiens radiophoniques en ligne (laviemanifeste.com/archives/tag/pierre-damien-huyghe)- Son champ de recherches en esthétique aborde l’art contemporain, le cinéma, le design, la politique, les relations art-science et art-industrie, l’environnement des nouvelles technologies, la modernité.

Principales publications :

—  Contre-temps , 157 p., B 42 éditions, 2017
—  Du travail, essai , 95 p., Azimuts 46, 2017
—  Art et industrie (philosophie du Bauhaus), (ré-édition augmentée), 267 p., éd. Circé,2015
—  À quoi tient le design, coffret de six fascicules, De l’incidence éditeur, 2015
—  Le cinéma, avant, après, 225 p., De l’incidence éditeur, 2012
—  Modernes sans modernité (éloge des mondes sans style), 127 p., éd. Lignes, 2009
—  Faire place, (ré-édition augmentée), 48 p., éd. Mix, 2009
—  Commencer à deux (propos sur l’architecture comme méthode), 88 p. éd. Mix, 2009
—  Éloge de l’aspect (éléments d’analyse critique et paradoxale de l’industrie comme divertissement), 126 p. éd. Mix, 2006
—  L’art au temps des appareils ( dir), 299 p. L’Harmattan-Esthétiques, 2005
Le différend esthétique, 164 p., éd. Circé, 2004

Prochaine séance :
Colloque « Art et esthétique des luttes » - 30 et 31mai 2018 ENSAPVS

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