Résumé
Sous son aspect léger et agréable, le jardin n’est jamais un lieu neutre. Dans nombre de civilisations, ce « lieu clos » (gardinius, en latin), isolé, voire retranché, où l’homme organise la nature selon sa volonté, occupe une place essentielle. Pour s’en convaincre, on peut remonter aux jardins de l’Antiquité, tour à tour sphères du sacré, lieux de l’intime, havres pour philosophes, comme à Athènes, ou encore fantaisies de puissants, tels les mythiques jardins suspendus de Nabuchodonosor II, roi de Babylone.
les jardins sont toujours des mondes miniatures que l’homme recrée
Qu’ils servent à se nourrir, à se promener, à méditer ou à briller, les jardins sont toujours des mondes miniatures que l’homme recrée, et où s’exprime son rapport aux forces fondamentales de la nature. Des univers qui racontent ainsi ceux qui les conçoivent. À l’extrême, le jardin peut être vu comme métonymie de la planète toute entière tant il fait figure d’« index (botanique) planétaire » et tant la « finitude écologique » (G. Clément) qui caractérise notre monde physique, renvoie à l’étymologie germanique : Garten, l’enclos. Lieu clos où l’homme se ressource, monde ouvert où il projette ses utopies : c’est précisément cette « double nature » du jardin qui en fait toute la richesse et la complexité.
