La continuité avec l’ISU (Institut de Sociologie Urbaine)
A l’origine, le CRH est le successeur principal de l’Institut de sociologie urbaine (ISU) créé dès 1963 sous la direction d’Henri Lefebvre et qui a réuni alors Nicole Haumont (psycho-sociologue) et Marie-Geneviève Raymond (démographe) ainsi qu’Antoine Haumont (géographe) et Henri Raymond (sociologue). Association loi de 1901, l’ISU s’est développé durant les années 60 dans le cadre des programmes contractuels de recherche initiés par la Délégation générale à la Recherche scientifique et technique (DGRST) et par des ministères, ou par des organismes particuliers comme le District de la Région parisienne ou le Plan Construction. Les orientations majeures de recherche de l’ISU étaient les modes de vie et l’urbanisation, en considérant notamment les décalages existants entre les évolutions et les transformations de chacun des deux termes. Elles ont donné lieu à de nombreux travaux dont quelques-uns sont devenus aujourd’hui des références majeures tant pour les architectes et les urbanistes que pour les sociologues ou les géographes : Les Pavillonnaires (1966), Les Equipements culturels (1973) et aussi les recherches sur les modèles culturels ou sur les transformations des villes françaises [1].
De l’Institut de l’Habitat au Centre de Recherche sur l’Habitat
La réorganisation de la recherche publique dans les domaines des sciences humaines, en particulier dans ses rapports à la ville, entraîne en 1974 la création de l’Institut de l’Habitat et sa reconnaissance comme Unité de recherche par le CNRS. Dirigé par Nicole Haumont, directrice de recherche au CNRS, l’Institut de l’Habitat agglomère progressivement de jeunes chercheurs venant de domaines scientifiques variés (de l’architecture à la sociologie, et de l’économie à la sociologie), ce qui lui permet de développer des recherches sur la mobilité résidentielle, les politiques du logement rapportées à des territoires ou à des enjeux sociaux, les emblématiques architecturales… tout en poursuivant des travaux sur les modèles résidentiels et sociaux. L’Institut de l’Habitat engage un rapprochement avec les Ecoles d’architecture et les programmes de recherche pilotés par le CORDA et le Plan Construction. Aussi c’est tout naturellement, lorsque le CNRS crée une commission transversale nouvelle Architecture, Urbanistique, Société (section 49), que l’Institut de l’Habitat évolue en Centre de Recherche sur l’Habitat pour participer de cette dynamique et qu’il s’installe à sa création en 1986 dans les locaux de l’Ecole d’architecture de Paris-La Défense avec le soutien conjoint du CNRS et de la Direction de l’architecture, alors inscrite au sein du ministère de l’Equipement. Cette localisation favorisera des coopérations scientifiques et pédagogiques avec l’Université Paris X-Nanterre.
L’UMR LOUEST : un ancrage universitaire
A la fin des années 1980, lorsque les politiques publiques de la recherche d’une part, et l’embryon de ce qui deviendra la réorganisation des cartes scolaires et universitaires de la Région parisienne d’une autre, poussent à des regroupements scientifiques et doctoraux, le CRH participera activement à la création de la nouvelle UMR CNRS 7145 LOUEST (Laboratoire des organisations urbaines : Espaces, Sociétés, Temporalités), en coopération avec le CRESSAC (Ecole d’Architecture de Paris-La Défense et ministère de la Culture) dirigé par Bernard Haumont, l’Equipe Vie urbaine (IUP-Université Paris XII-Val de Marne) dirigée par Marcel Roncayolo, le Laboratoire d’architecturologie (Ecole d’Architecture de Paris-La Villette et ministère de la Culture) dirigé par Philippe Boudon, le Laboratoire de Géographie urbaine (Université Paris X-Nanterre) dirigé par Guy Burgel et le Laboratoire de Psychologie sociale dirigé par Annie Moch. Cette nouvelle UMR, LOUEST, esquissée dès 1986 et reconnue en 1988, sera dirigée jusqu’en 2001 par Guy Burgel. Elle consacre les alliances programmatiques, scientifiques et disciplinaires, ainsi que les coopérations institutionnelles entre des chercheurs et des enseignants-chercheurs appartenant aux Ecoles d’architecture, aux Universités et au CNRS. Cet élargissement s’accompagne évidemment d’une reformulation des programmes scientifiques de l’Unité commune qui apparaîtra au fur et à mesure des colloques et séminaires que LOUEST et surtout le CRH organiseront au fil des années (voir l’historique des publications). Les programmes scientifiques développés alors mettent en évidence et confirment que les grandes structures urbaines et les grandes alliances sociales héritées d’une société industrielle tendent à s’épuiser et qu’il faut reconsidérer les façons dont nos sociétés urbaines s’organisent et se territorialisent.
En 2003, Bernard Haumont prend la direction de LOUEST renouvelé, à nouveau habilité par le CNRS et la DAPA (ministère de la Culture), avec un périmètre restreint toujours défini par les collaborations entre personnels des Ecoles d’architecture et des Universités. Ainsi au fil des ans, des thématiques nouvelles peuvent être développées au sein de LOUEST (histoire des urbanisations, philosophie de l’architecture, notamment), tandis qu’au sein du CRESSAC-CRH de nouvelles problématiques se font jour : expertises et professionnalités, qualités architecturales, habitat et logement fragiles, participation citoyenne….
Les partenariats fondateurs du LAVUE
Si les programmes scientifiques mis en œuvre au sein de LOUEST font alors une part belle au CRESSAC-CRH puisqu’il est à l’origine de beaucoup des colloques et séminaires organisés par l’Unité, la création de l’équipe MOSAÏQUES dirigée par Colette Vallat en 2005 au sein de l’Université Paris-X Nanterre, et le renforcement de l’équipe GERPHAU, dirigée par Chris Younès et qui a rejoint l’ENSA de Paris-La Villette en 2007, font que les années 2005-2009 sont autant celles de LOUEST que celles des équipes qui composent ce laboratoire.
Enfin, dans les années 2008-2009, le CRH, au sein de LOUEST, a tenu un rôle déterminant pour la création du LAVUE (UMR 7218) au 1er janvier 2010, dirigé par Jean-Pierre Lévy et composé des principales équipes de Louest (CRH, GERPHAU, MOSAÏQUES) ainsi que du LAA (ENSA Paris-La Villette) et d’AUS (Université Paris-VIII). Ultérieurement, le LET et AMP (ENSA Paris-La Villette) ont rejoint le LAVUE. Au sein du LAVUE, la particularité du CRH est une approche de l’architecture et de l’urbanisme dans leurs relations aux mouvements sociaux, aux politiques de l’habitat et aux pratiques du projet, comme aux expertises et aux professionnalités mobilisées.
Depuis mars 2015, la direction de l’UMR Lavue est assurée collégialement par Alessia de Biase (ENSA Paris-La Villette), Agnès Deboulet (Université Paris-8) et Stéphanie Vermeersch (CNRS).