Aurélien Ramos , Martine Bouchier (dir.)

Faire jardiner sans jardin

Des dispositifs municipaux de jardinage tactique dans les espaces publics urbains

Directrice de thèse : Martine Bouchier

Discipline : Architecture et ville

Année d’inscription : novembre 2015

Ecole doctorale : Université Paris Ouest Nanterre La Défense, ED 395 « Milieux, cultures et sociétés du passé et du présent »

Résumé

Depuis le milieu du XIXe siècle, la pratique du jardinage n’a cessé de faire l’objet de prises en charge. Faire jardiner apparaît comme un moyen d’agir sur le comportement des individus en intervenant sur leurs modes de subsistance et d’habiter, sur leur espace privé et sur leur temps libre mais également sur leur place dans la société. Si, des jardins ouvriers jusqu’aux jardins partagés, l’accompagnement, l’encadrement voire l’incitation à la pratique du jardinage sont restés associés à l’espace du jardin, depuis les années 2000 apparaissent en France des dispositifs municipaux visant à susciter chez les citadins le désir de jardiner en dehors du jardin dans les espaces publics urbains. À partir de l’étude d’une vingtaine de ces dispositifs et d’une enquête auprès des services en charge de leur mise en place et de leur gestion à Bordeaux et Paris, cette recherche interroge comment la dissociation entre le jardinage et le jardin, le geste et l’objet, la pratique et le lieu constitue un enjeu d’aménagement des espaces publics urbains. La thèse veut montrer que l’institutionnalisation du jardinage comme mode de production d’espace correspond à l’élaboration d’un modèle à partir de pratiques d’activisme urbain converties en instruments de gouvernance tactique. La normalisation et la professionnalisation de la fabrique de « jardiniers urbains » contribue à dépasser les modes de participation citoyenne actuels en visant plus seulement à « faire décider » mais également à « faire faire » les citadins. Il s’agit de mettre à jour le paradoxe du consensus actuel autour du jardinage urbain comme pratique vertueuse simultanément à son maintien comme solution toujours transitoire, subsidiaire et alternative, condition à son assimilation dans le processus de production de la ville.