Introduction
Michel Agier est anthropologue et c’est par l’anthropologie qu’il entend prolonger l’horizon des connaissances urbaines. Son dernier ouvrage, limpide et constructif, contribue en effet à étendre les perspectives de sa discipline. Mais l’on peut également dire des Esquisses d’une anthropologie de la ville qu’elles élargissent le champ plus général des réflexions sur la ville. Explicitant d’emblée sa démarche, et en réalité dès le sous-titre de son livre – Lieux, situations, mouvements –, l’auteur insiste sur la nécessité grandissante de multiplier les « entrées » pour comprendre les redéfinitions constantes des modes et des espaces d’identification en ville. Agier appréhende donc l’objet « ville globalisée » en conjuguant savoirs produits, espaces d’actions et situations analytiques. Cette multiplication des points d’observation est en effet ce qui lui permet, dans un premier temps, la description dense (celle à laquelle Clifford Geertz appelait) puis, dans un deuxième temps seulement, la compréhension. Agier souligne d’ailleurs que cette construction de l’objet et sa description passent inévitablement par l’observation des pratiques, des relations et des représentations citadines ; c’est-à-dire par la production de ce qu’il nomme la « ville bis ».