Résumé
Cette thèse interroge l’application du modèle de la « ville durable » et ses conséquences socio-spatiales sur la base d’une enquête menée dans quatre barrios (quartiers « informels ») de Saint-Domingue. En prenant comme variables leur spatialité, les pratiques habitantes et les interventions urbaines, une mise en perspective critique sur la durabilité et la précarité est proposée. Dans le contexte où les théories de marginalité ont historiquement marqué les analyses des barrios, leur disparition se présente comme nécessaire face à la requalification et à un développement acceptable de la ville dominicaine. Or, ces quartiers matérialisent 75 % de la production de logements et constituent les principaux agents opérant sur la configuration de la trame urbaine dominicaine. Malgré les nombreuses opérations de réhabilitation et de rénovation, leur omniprésence questionne toutes les tentatives de régulation promues par les organisations internationales et les gouvernements locaux. Ainsi, visant principalement la protection environnementale, la politique de la ville n’arrive toujours pas à intégrer les barrios dans la conception d’un urbanisme contemporain.
Considérés comme des espaces capables d’accueillir des influences globales, les barrios ont, dans cette thèse, des potentialités reconnues dans leur contribution à l’évolution de la ville et à sa durabilité. En renouant avec l’esprit de l’écologie urbaine enseignée par Robert Park, l’examen de l’« ordre moral » et du « modèle spatial » permet d’exposer les pratiques des espaces et l’autoconstruction de l’écosystème barrio. L’objectif est celui de trouver quelles analogies avec la ville durable sont possibles en termes de densité, de proximité, d’adaptation, de flexibilité, de gestion des risques et des conflits. Alors que le souci de rendre la ville plus attractive et compétitive légitime l’effacement des caractéristiques des barrios - à travers notamment l’artificialisation des sols (disparition des cañadas) et l’homogénéisation de l’habitat -, comment l’imaginaire de la durabilité se construit-il au milieu d’intérêts locaux et globaux ? Il s’agit finalement de témoigner sur l´aspect incongru des opérations qui, inscrites dans un processus de mise à l’écart et de stigmatisation socio-spatiale, favorisent la reproduction des vulnérabilités urbaines.
![Soutenance de thèse de Darysleida Sosa Valdez - lundi 7 décembre 2020](IMG/jpg/photoattenteyoutube.jpg)