Colloque Monumentalité(s) urbaine(s) au XIXe et XXe siècles
« Un objet de controverse : la monumentalité entre architecture et forme urbaine »

9 avril 2011

Date de parution : 2011

Éditeur : L’Harmattan

Pages : pp. 207-227 / 240 p.

Collection : Gestion de la culture

ISBN : 978-2-296-55327-9

Domaines : Architecture

Colloque

« Monumentalité(s) urbaine(s), formes, sens et enjeux des pouvoirs urbains »
mercredi 10 mai 2006, Paris, Fondation hellénique de la Cité Universitaire internationale

Texte publié : « Un objet de controverse : la monumentalité entre architecture et forme urbaine », in : GRAVARI-BARBAS (Maria), IOSA (Ioana), Monumentalité(s) urbaine(s) aux XIXe et XXe siècles, sens, formes et enjeux urbains, préface de Thierry Paquot, Paris, L’Harmattan, 2011, 240 p., pp. 207-227

Introduction

La notion de monumentalité telle qu’elle est utilisée dans les domaines architecturaux et urbanistiques prête trop à confusion et à controverses pour que nous puissions engager ce propos sans nous démarquer de certaines acceptions du mot en omettant de mentionner l’ambiguïté des sens auxquels il est susceptible de renvoyer.
L’idée de monument est évidemment plus ancienne et plus large que ce que des procédures administratives et des institutions diverses ont progressivement transformé en objet de leur attention protectrice. Les monuments dit « historiques » (comme si les autres édifices, monumentaux ou pas, devaient échapper à toute marque de considération temporelle…) ne font leur apparition, en France tout au moins, qu’au XIXe siècle. Ils participent de ce que nous appelons depuis peu un processus de patrimonialisation qui inscrit la valeur symbolique de certains édifices triés sur le volet à l’ordre d’une légion d’honneur nationale ou internationale constituant une sorte de musée imaginaire de l’architecture. Ce titre honorifique est un gage d’accès à la postérité, mais aussi d’efforts financiers et de considérations bureaucratiques pour les produits d’une histoire qui ne cesse de nous rattraper et exige de plus en plus d’immédiateté. Le classement ou l’inscription à l’inventaire d’un édifice ou d’un ensemble urbain ou paysager au titre de monument historique ou de patrimoine de l’humanité (ou de toute autre raison sociale) ne fait jamais que sanctionner par un coup de tampon signé et daté la reconnaissance sociale d’une valeur des lieux que certains membres de la société ont déjà crédité d’une considération particulière. Le statut de patrimoine dont bénéficie un édifice n’est donc de l’ordre de la reconnaissance institutionnelle que dans la mesure où un jugement social en général largement déterminé par le sens commun s’est déjà prononcé.
Par ailleurs, et nonobstant la légitimité officielle qu’apportent les procédures de classement comme monument ou patrimoine, la valeur et l’intérêt hors du commun qu’un monument est censé représenter par rapport à des constructions plus ordinaires ou anodines restent sinon sujets à caution, du moins donnent souvent très largement lieu à des controverses.
Une confusion règne en effet sur la nature exacte du jugement. Les registres d’ordre symbolique, politique ou esthétique se chevauchent à tel point que chaque système de valeur se retrouve contaminé par les autres. Tel monument voit sa qualité esthétique contestée au non d’une critique du régime politique qui lui a donné naissance ; le ridicule peut être jeté sur une société tout entière à la vue de ses maladresses d’expression symbolique ; la nature même des symboles utilisés jette parfois le discrédit sur la manifestation d’un sens avant tout politique mais profondément ancré dans une culture donnée.

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