La fabrique de la ville à l’épreuve de l’innovation sociale.
Troubles urbains et agencements civico-marchands.

21 mai 2015

Directeur de thèse : Agnès Deboulet

Discipline : Études urbaines

Université : Paris 8

École doctorale : Sciences sociales

Résumé

Depuis le milieu des années 2010, nous observons en France le développement d’appels à compétences (Claude 2006) et l’arrivée d’entrepreneurs de cause autour de l’innovation sociale dans la fabrique urbaine. Nous explorons dans notre recherche la tension que crée l’innovation sociale dans la fabrique urbaine entre deux dynamiques urbaines antagonistes : « l’entrepreneurialisme urbain » (Harvey 1989) et l’impératif démocratique (Blondiaux 2008). À partir d’une enquête embarquée de trois années chez un entrepreneur d’innovation sociale, nous analysons comment ces entrepreneurs de cause, pour s’insérer sur le marché urbain, concourent à l’édification d’un nouveau répertoire combinant valeurs marchandes et civiques. Nous défendons la thèse que la constitution de ce répertoire repose sur le transfert des risques socio-économiques de la fabrique urbaine des acteurs publics vers les acteurs privés.
L’originalité de notre démarche est de proposer un croisement entre sociologies de la traduction (Callon 1986), pour construire une analyse diachronique des différentes épreuves au sein de deux dispositifs (Réinventer Paris et Lieux Hybrides) et de la justification (Boltanski et Thévenot 1991) pour étudier l’édification de ce répertoire mêlant monde civique et monde marchand. À priori antagonistes, les deux cités civiques et marchandes en tension font l’objet de nombreux arrangements et bricolages à travers des dispositifs de projets que nous analysons dans cette thèse. Finalement, à partir de nos résultats, nous ouvrons sur l’hypothèse d’un passage à une grammaire libérale dans la fabrique de la ville, en dialogue avec les prolongements du modèle de la justification de L. Thévenot (2014).

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